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REVUE PÉDAGOGIQUE.

elle ne ressemble plus en rien à ce qu’en avaient voulu faire Lycurgue et les admirateurs que ce législateur légendaire trouva jusque dans une postérité assez reculée, parmi les écrivains et les philosophes les plus éminents, Xénophon, Platon, Aristote.

Plutarque n’impose pas comme eux à l’union conjugale les singulières prescriptions que nous avons dû omettre dans nos précédents chapitres ; il respecte assez la chambre nuptiale pour en fermer les portes au magistrat. Il se contente de rappeler à ceux qui désirent devenir pères d’enfants distingués qu’ils doivent apporter la plus grande attention dans le choix d’une épouse, et les plus grands scrupules dans leurs relations conjugales. « Car ceux, dit-il, dont la composition native est falsifiée et frelatée tombent naturellement dans l’erreur et la bassesse. Le poëte a dit avec raison : C’est une cause de servitude pour un homme, fût-il d’une âme hardie, que d’avoir trace en lui des vices de son père ou-de sa mère. Au contraire, les enfants de parents illustres sont pleins de noblesse et de fierté[1]. » La science moderne n’a pas encore éclairci cette obscure question de l’hérédité physique et morale. En attendant les indications précises que donneront ses futures découvertes, nous n’en savons guère plus que les anciens à ce sujet, du moins pour la pratique. Ils connaissaient déjà la redoutable responsabilité du père et de la mère, et les innombrables conséquences que peut avoir dans l’avenir l’acte d’un instant. Les médecins curieux de connaître les rêveries physiologiques d’un ancien sur la reproduction de l’espèce, liront avec intérêt le cinquième livre des Opinions des philosophes de Plutarque.

  1. De Liber, Éduc., édition Tauchnitz, p, 2.