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REVUE PÉDAGOGIQUE.

qu’il contient n’étant que la reproduction sèche des observations ingénieusement développées par notre moraliste dans des œuvres authentiques et d’une plus haute portée[1]. » Une simple lecture de l’œuvre contestée et des œuvres incontestables montre combien cette assertion est hasardée. La doctrine pédagogique de Plutarque peut être confirmée, étendue par des passages disséminés dans d’autres ouvrages ; mais on n’en trouve le fond et l’exposé méthodique que dans le traité Sur l’Éducation des enfants, où l’auteur n’est pas sorti de son sujet, tandis que les préceptes donnés par exemple dans les traités Sur la manière d’écouter ou Sur les progrès dans la vertu, concernent presque tout aussi bien les hommes faits que les jeunes gens. Quant au traité Sur la manière de lire les poëtes, Plutarque n’y envisage qu’une partie assez restreinte de l’éducation. C’est donc avec tous les ouvrages attribués à Plutarque, sans exclusion, que nous essayerons d’établir la doctrine du moraliste de Chéronée en matière de pédagogie.

Depuis Aristote, les idées morales ont déjà fait un progrès sensible. La foi dans la légitimité de l’esclavage est ébranlée : la compassion plus grande que l’on témoigne aux esclaves est un acheminement, bien lent encore, vers la reconnaissance de leurs droits. La sainteté du lien conjugal est mieux comprise, et la femme monte peu à peu au rang d’égale de l’homme. Enfin la souveraineté de l’État est moins absorbante ; la famille semble échapper au despotisme du magistrat, tout-puissant encore dans la cité de Platon et dans celle d’Aristote. Plutarque ne réclame plus son intervention perpétuelle, ses règlements étroits, ni même son inspection.

  1. Gréard, De la morale de Plutarque, p. 140.