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peut exercer sur elles, quand il lui est donné, souvent après de longs labeurs, quelquefois mal compris d’abord, d’entrer dans leur affection et leur confiance. Un moment vient, comme une récompense, où l’on prend sur elles un ascendant bientôt irrésistible.

Elles se sentent aimées et elles aiment[1]. Elles comprennent, même les plus jeunes, que l’on a pour elles ce qu’il y a de plus puissant dans le cœur : la douceur et la patience, la bonté et la tendresse, toutes les délicatesses de la sollicitude maternelle la plus éclairée. Du cœur toujours, mais, à dit un grand Pape[2], rien qui amollisse ; et, ajoute Fénelon, une bonté pleine de fermeté.

Du reste, une influence purement humaine ne suffit pas. N’oublions jamais l’enseignement que nous donne à tous un des maîtres les plus autorisés de la jeunesse, saint Augustin.

Il avait lu avec une sorte d’entraînement le Hortensius de Cicéron. Cet ouvrage avait mis en lui un vif désir de la sagesse et préparé sa conversion. Quel triomphe déjà remporté !

Augustin trouvait cependant qu’il manquait à cet ouvrage la seule puissance capable d’enlever son cœur : le nom de Jésus-Christ. Il le trouva ailleurs et il fut ravi[3].

Que ce nom vénéré sorte de notre cœur pour entrer dans celui de nos enfants : qu’il y soit porté par cet amour chaleureux qui remue et qui domine partout où il pénètre, et les jeunes âmes seront à nous.

Hébert-Duperron,
Inspecteur d’Académie.



  1. Si vis amari, ama. Sénèque.
  2. Saint Grégoire.
  3. Saint Augustin, Confess., t. III, c. 4.