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UNE PAGE DE PÉDAGOGIE.

« L’adresse est de bien étudier d’abord le génie des enfants et leur caractère ; de s’appliquer à connaître leur humeur, leur pente, leurs talents, et surtout de découvrir leurs passions et leurs inclinations dominantes. Or, le moyen de les connaître ainsi, c’est de les mettre, dès l’âge le plus tendre, dans une grande liberté de découvrir leurs inclinations ; de laisser agir leur naturel, pour le mieux discerner ; de compatir à leurs petites infirmités pour leur donner le courage de les laisser voir ; de les observer sans qu’ils s’en aperçoivent, surtout dans le jeu[1], où ils se montrent tels qu’ils sont. Car les enfants sont naturellement simples et ouverts ; mais dès qu’ils se croient observés, ils se ferment, et la gêne les met sur leurs gardes.

» Il n’est pas moins important de distinguer la nature de leurs défauts[2]. »

Les uns sont la conséquence de l’âge, de la mauvaise éducation, de l’ignorance, de la séduction, des exemples qui les ont frappés. On peut y apporter remède. D’autres ont des racines dans le caractère naturel de l’esprit et dans la corruption du cœur ; ainsi, la duplicité et le déguisement ; un fonds d’envie et de médisance ; l’amour de la flatterie ; un esprit moqueur, qui s’attaque aux avis les meilleurs et aux choses saintes[3]. Rien de difficile comme de traiter ces natures, Il ne faut cependant pas désespérer de les modifier.

On réussira quelque peu avec ces dernières, toujours avec les autres, si l’on peut s’en faire aimer. Qui a l’habitude des âmes sait parfaitement l’influence heureuse qu’il

  1. Mores se inter ludendum simplicius astendunt. Quint, l. I, c. 13.
  2. Traité des Études, t. III, p. 225. Cf. Conseils aux Institutrices, p. 24-53. chez Dupont.
  3. Ibid., p. 225, 226.