Que l’on se garde bien, recommande Rollin, d’user avec le premier âge, pour le porter au travail, de la contrainte et de la violence, ou de recourir aux punitions ; ce serait exciter en lui des tristesses et un dégoût qui le suivraïent longtemps. Mieux vaut jeter des charmes sur le début de ses études, et, comme le recommandaient Horace[1] et Quintilien[2], ne pas hésiter à leur offrir des bonbons et des gâteaux. Saint Jérôme, une des âmes les plus dures pour elles-mêmes qu’’ait vues le monde, demande aussi « que l’on excite Pacatule, qui est une petite enfant, à étudier sa leçon, à la réciter d’une voix claire, en lui promettant des friandises, des fleurs, une poupée[3] ». Il n’y a rien pour se montrer expansives, presque faibles en faveur de l’enfance, comme les âmes qui ont toujours sur leur poitrine un poing qui la frappe et la crucifie… Rollin avait des conseils semblables à ceux de ces éducateurs. Et sa pratique donc ? Comme on sentait palpiter, sous sa direction, un cœur aussi ferme que tendre ! Qu’il était bien de la famille des Fénelon ! Et qui n’aimerait à contempler à travers les siècles ces grandes et gracieuses figures, souriant à l’enfance avec une sorte de gravité qui la captive, la séduit et l’enchaîne !
On sait avec quelle sollicitude les directrices de nos asiles suivent les conseils qui précèdent. Il faut qu’ils entrent, comme une source de chaleur et de vie, dans toutes les écoles ouvertes au premier âge. Qu’ils deviennent l’âme de notre direction, qu’ils l’inspirent et qu’ils la soutiennent, les