réprimer les premières saillies des passions. Ainsi commençait la culture des mœurs. Pourquoi, ajoutait-on, négliger celle de l’esprit ?
Dans les écoles les plus célèbres, on discutait ces idées. Les dernières avaient cours parmi les stoïciens. Quintilien et saint Augustin les adoptèrent. Beaucoup d’autres éducateurs s’y sont ralliés. Rollin les adopta[1]. Aujourd’hui, les résultats obtenus dans nos salles d’asile ne les consacrent-elles pas ? Ne trouve-t-on pas dans ces établissements ouverts au premier âge la culture du cœur et celle de l’esprit, quelquefois à un degré qui excite l’étonnement ?
Il y a là une question de méthode qui n’échappait pas à Rollin.
II
Direction à suivre avec les enfants.
Rollin veut les enfants dès le premier âge. On croit l’entendre les appeler à lui et le voir les entourer de la sollicitude intelligente dont la Providence avait enrichi son cœur. « Il faut, dit-il, tâcher de ne pas perdre ces premières années[2]. » Et il s’arrête à les contempler avec une sorte d’amour, puis à nous montrer les trésors qu’elles portent. « La Providence a mis dans les enfants une grande curiosité pour tout ce qui est nouveau, une facilité merveilleuse à apprendre une infinité de choses dont ils entendent parler, un penchant naturel à imiter les grandes personnes et à se mouler sur leurs exemples et sur leurs discours. En différant la culture de ces jeunes esprits, on renonce à toutes