Fac in palœstra, in musicis : quæ liberum
Scire æquom’st adolescentem, solertem dabo.
Le huitième livre de La Politique ne dit à peu près rien de l’enseignement des lettres. Quelques lignes seulement sont accordées à l’art du dessin et de la peinture. « Cet art, dit l’auteur, ne servira pas seulement à garantir de toute méprise dans les acquisitions que l’on fait, et à n’être pas trompé dans les ventes et les achats de mobilier, mais il contribuera surtout à donner un sentiment plus exact de la beauté des corps[1]. » On ne trouve plus ici ce vif amour de l’art qui éclate dans Platon, cette intelligence profonde des rapports qui unissent le bien moral à la beauté d’une statue ou d’un tableau, par l’impression salutaire de grâce et d’harmonie que les yeux transmettent à la raison. C’est qu’Aristote n’avait pas les hautes facultés poétiques de son maître : l’Hymne à la vertu n’est que l’inspiration sublime d’un moraliste ; nous ne pouvons y voir, comme certains critiques, la révélation d’un nouvel aspect de ce vaste génie. Aristote assurément comprenait les arts, mais surtout en métaphysicien et en analyste ; rien ne prouve qu’il eût pour eux la sympathie qui se manifeste en mille endroits des dialogues de Platon.
Pour la gymnastique, il n’avait pas à exciter chez ses contemporains le goût des exercices du corps, ni même à les éclairer beaucoup sur les procédés qui conviennent à cet art. Ils le connaissaient à fond, et l’avaient poussé jusqu’au raffinement. Aristote tend plutôt à leur en défendre l’excès. Ayant particulièrement en vue les Béotiens, qui abusaient de la palestre, il interdit de s’appliquer à donner
- ↑ Polit., p. 260.