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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

spectacles. « Le comédien Théodore avait raison de dire qu’il ne consentirait jamais qu’un acteur, même le plus médiocre, parût avant lui sur la scène, parce que les spectateurs se familiarisent avec la manière de jouer et de déclamer qu’ils ont d’abord entendue. Or la même chose a lieu dans les relations que les hommes ont entre eux : les premières impressions sont toujours celles qui ont pour nous le plus d’attrait. Voilà pourquoi il faut rendre étrangères aux jeunes gens toutes les choses viles et méprisables, celles qui sont propres à inspirer le vice et la grossièreté[1]. »

Malgré les excellents conseils que nous avons recueillis jusqu’à présent, Aristote n’a pas, on le voit, traité bien à fond ce sujet si délicat et si complexe de l’éducation physique et morale des premières années. Cependant il n’y reviendra plus guère ; car le huitième livre de la Politique est surtout consacré à l’instruction que doivent recevoir ceux qui sont entrés dans Ja seconde période de la vie, celle de l’adolescence. La distinction qu’on y trouve dès le début entre les connaissances libérales et celles qui sont indignes d’un homme libre, d’un citoyen, n’a rien qui puisse nous surprendre : nous connaissons les-préjugés des anciens contre les professions manuelles, leur mépris de cette position sociale que les économistes modernes ont désignée par le nom un peu barbare de salariat. « Il ne faudra, dit Aristote, communiquer à la jeunesse, parmi les choses utiles, que celles qui ne lui feront pas contracter un genre de vie sordide et mécanique. Or on doit regarder comme appartenant à ce genre tout travail, tout art, toute instruction qui rend le corps, ou l’âme, ou l’intelligence des

  1. Polit., p. 255.