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REVUE PÉDAGOGIQUE.

l’emploi de leurs moments de récréation et du reste de leur temps, et empêcheront qu’ils ne soient trop souvent avec les esclaves, parce que cette compagnie est dangereuse pour les mœurs d’un homme libre[1].

Aristote ne se contente pas de recommander aux parents une extrême réserve dans leurs propos et dans leurs actes en présence des enfants : il la leur fait imposer par le législateur, et il veut que l’on punisse par un blâme public, ou par une peine plus sévère encore, si c’est un homme avancé en âge, celui qui aura enfreint la loi portée à ce sujet[2]. Cependant, en dehors de ces propos et de ces actes, la vie des anciens présentait aux yeux des enfants bien des spectacles dangereux. Les représentations obscènes de la peinture et de la sculpture ne manquaient ni dans les maisons particulières, n1 dans les rues. Aristophane faisait jouer par les acteurs sur le théâtre de Dionysos des scènes d’une impudeur qui nous révolte, et que notre civilisation n’admettrait plus dans toute leur crudité. Il y avait des temples consacrés à des divinités infâmes, auxquelles la loi elle-même attribuait un culte. Le législateur, il est vrai, interdisait aux enfants d’y pénétrer, et n’autorisait, dit Aristote, «que les hommes d’un âge plus avancé à faire des sacrifices à ces dieux, soit pour eux-mêmes, soit pour leurs enfants et leurs femmes[3]. » Notre auteur veut qu’il défende aussi aux jeunes gens d’assister aux représentations des lambes et des comédies avant qu’ils aient atteint l’âge où ils pourront être admis aux festins des hommes et faire usage de vin pur ; car alors leur éducation les aura rendus moins susceptibles de ressentir les mauvais effets de cette sorte de

  1. Polit., p, 254.
  2. Ibid.
  3. Ibid.