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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

une grande réserve, sans oublier que l’homme se compose, comme le dit Aristote, d’un double élément, dont le premier, le corps, réclame notre attention avant l’autre.

C’est le corps dont il faut surtout provoquer le mouvement par de petits exercices, par les jeux qui plaisent à l’enfance. Laissez même l’enfant pleurer et crier : il y a là encore un mouvement salutaire. « Ceux qui, dans leur système de législation, dit Aristote faisant allusion à un passage de Platon, prétendent interdire aux enfants les cris et les pleurs, ont tort ; cela sert à leur développement, et c’est en quelque sorte une manière d’exercer leurs organes ; car l’action de contenir l’air dans la poitrine donne des forces pour supporter la fatigue, et c’est ce qui arrive aux enfants quand ils crient[1]. »

L’éducation du premier âge, dont l’auteur de la Politique trace les règles d’une manière encore bien incomplète, se donne nécessairement, à son avis, dans la maison paternelle[2] ; le philosophe qui connut par expérience les affections de la famille et qui éleva lui-même la Sienne, ne pouvait, comme l’a fait son maître, condamner les enfants dès leur naissance à la vie commune de ce que Platon appelle le bercail. Mais nous avons vu aussi qu’il était trop imbu des préjugés de son temps pour refuser à l’État tout droit d’intervention dans la vie domestique. Quoiqu’il ne s’explique pas à cet égard avec une netteté parfaite, il indique assez clairement que les enfants, en grandissant près du foyer, n’échapperont pas à l’inspection des pédonomes. Ces magistrats surveilleront avec soin les conversations et les fables qu’on leur fera entendre, ainsi que

  1. Polit., p. 254.
  2. Ibid.