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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

lier de chaque individu[1]. Aristote voit fort bien qu’en pédagogie, comme en politique et en médecine, l’habileté parfaite consiste dans l’application simultanée de règles communes et de procédés particuliers. Par une heureuse contradiction, il reconnaît donc implicitement, à côté du droit de l’État, le droit de la famille et du maître.

Mais il est temps de sortir des considérations préliminaires. Ce qui nous intéresse le plus, c’est de connaître dans le détail la méthode pédagogique recommandée par Aristote. On la trouve, comme nous l’avons dit, à la fin du septième et dans tout le huitième livre, malheureusement incomplet, de la Politique. L’auteur vient d’instituer une république parfaite, d’après les principes qu’il a posés. Il a fixé le nombre de ses citoyens, qui sera suffisant pour qu’elle puisse pourvoir abondamment à ses besoins ; il lui a donné un territoire fertile, facile à défendre, une ville capitale favorablement située pour le commerce maritime et pour toutes les communications qu’elle doit entretenir avec ses voisins, sans qu’elle devienne toutefois un vaste marché où afflueraient les étrangers, parce que l’avidité du gain, l’amour du luxe, la variété des mœurs auraient une influence funeste sur la constitution. Il a réparti entre les citoyens les différentes fonctions : la défense de l’État, la délibération sur les intérêts publics, la justice appartiendront à tous, mais à des âges différents ; les jeunes gens seront guerriers, les hommes mûrs magistrats, les vieillards prêtres. Il à exclu du droit de cité ceux qui ne possèdent pas de propriétés immobilières, les mercenaires et les artisans.

Mais cette république ne sera vertueuse, c’est-à-dire heureuse, qu’autant que les citoyens qui ont part au gouverne-

  1. Éthic., p. 238.