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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

accompagnée d’une sympathie profonde, celle du père pour sa famille.

Aussi le législateur de la République a-t-il décrété la communauté des femmes et des enfants ; dans les Lois, où cette monstrueuse utopie a disparu, on-ne trouverait pas sur la famille une ligne émue. Ne faut-il pas attribuer aux sentiments de l’époux et du père, autant qu’à la raison du philosophe, cette réfutation du système de Platon que l’on peut lire dans la Politique. « Un sentiment général d’affection est pour les cités le plus grand des biens, puisque c’est ce qu’il y a de plus propre à les garantir de la discorde… Or la communauté doit rendre l’affection faible à force d’être délayée ; il est impossible qu’un père y dise : mon fils, — ou un fils : mon père. De même qu’en mêlant un peu de miel dans une grande quantité d’eau, l’on obtient un mélange où la saveur douce est insensible, de même ce qu’il y a d’individuel dans les rapports que désignent ces noms se dissipe et s’évanouit, parce que le résultat inévitable d’une pareille communauté est d’intéresser extrêmement peu un père à ses fils, des fils à leurs pères, et des frères les uns aux autres. Car il y a deux choses qui contribuent essentiellement à faire naître l’intérêt et l’attachement dans le cœur des hommes, la propriété et l’affection. Or ni l’une ni l’autre ne peuvent exister sous une forme de gouvernement comme celle-là[1] ».

C’est encore la raison qui domine dans ce passage ; mais voici ce que pouvait écrire un époux seul, et un époux qui a trouvé dans la famille la source de vives et pures jouissances : « L’affection conjugale est un effet direct de la

  1. Polit., édit. Tauchnitz, p. 32 et 33.