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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

pas qu’il soit facile, ni même toujours possible de donner à l’âme de l’enfant, pour qu’elle la conserve toute la vie, cette « ataraxie » exigée par Platon avec moins de raideur que par les stoïciens. Maintenant que l’on connaît mieux l’influence de l’hérédité, le médecin a vu diminuer un peu sa confiance dans l’hygiène, et le moraliste ne doit pas trop compter sur la pédagogie. On peut beaucoup sur le corps et sur l’âme par des soins préventifs donnés avec intelligence ; mais si les efforts de notre libre initiative ont restreint le cercle où s’exerce l’action de la nature déterminée par des lois fatales, cette force aveugle n’en a pas moins conservé une formidable puissance. Il y a des diathèses dont on ne triomphe pas, et des dispositions morales dont les funestes effets se font jour parfois à travers tous les obstacles. La liberté des ascendants, quand elle s’est mal exercée, devient elle-même pour les enfants, en raison des habitudes contractées et dont ils héritent, une cause de désordre. Si le corps et l’âme de l’enfant étaient entre nos mains comme une matière souple et ductile, nous réaliserions avec certitude l’idéal qu’exprime si bien l’antique adage : Mens sana in corpore sano ; et l’état d’équilibre, de calme, est évidemment celui de la santé, aussi bien pour le corps que pour l’esprit. Nous ne le pouvons pas. Mais ici le plus sage est de s’en tenir au moyen terme de l’espérance sans illusions, entre les deux extrêmes d’un lâche fatalisme et d’une présomptueuse confiance. Nous devons condamner la morale qui observe sans réformer, comme la médecine qui dissèque et analyse sans se soucier de guérir. C’est avec cette restriction que nous suivrons Platon dans la série des réglements qu’il institue en législateur si assuré.

Nous sommes encore à la période de la première en-