Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1878.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée
66
REVUE PÉDAGOGIQUE.

duite. Il n’est guère d’instituteur qui n’ait sur ce point, dans les limites du règlement général, son mode particulier et ses moyens à lui, parfois fort ingénieux, de récompenser, d’encourager, de punir. Il y a là toute une science de détail, de gradation, et de connaissance du caractère des enfants qui m’a souvent étonné et qu’il serait bon, je crois, de produire au grand jour. On ne sait pas assez tout ce qu’il y a de sagacité et d’active sollicitude dans le dévouement de nos instituteurs, et nous sommes peut-être trop portés à aller chercher ailleurs des modèles, quand nous avons près de nous de quoi nous contenter.

Que la modestie des bons maîtres se fasse donc violence et nous donne lieu de juger le mécanisme de leur petit code pénal, ainsi que les divers procédés imaginés par eux afin de maintenir l’ordre et d’activer le travail de la ruche écolière.

Des moyens d’exciter l’enfant à bien faire. Nous touchons ici un des côtés les plus délicats de la pédagogie. La discipline, même avec les procédés les plus ingénieux, même avec l’appoint de l’attachement au maître, ne suffit pas pour faire marcher une classe, il faut quelque chose de plus ; car la discipline, en fin de compte, ne produit que l’obéissance, et il faut l’effort. Ce point est capital et demande que nous nous y arrêtions quelques instants, surtout que nous interrogions là-dessus l’expérience des maîtres.

Tous savent que les meilleures méthodes d’enseignement n’ont leur pleine efficacité que si l’enfant s’y prête, c’est-à-dire si sa propre volonté seconde celle du maître. Comment agir sur un être inerte, engourdi, et dont l’âme n’a pas de ressort ? IL est donc nécessaire qu’il y ait chez le jeune écolier un principe et une source d’ardeur ; en d’autres termes, de la passion. La passion, en effet, en