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REVUE PÉDAGOGIQUE.

des institutions et la sûreté de l’État exigent que chaque homme puisse devenir un électeur capable. Cette aptitude ne peut facilement s’acquérir sans l’instruction ; il faut donc mettre celle-ci à la portée de tous et dans ce but la rendre entièrement gratuite. L’intervention de l’État se justifie pleinement ; l’expérience n’a-t-elle pas démontre qu’on ne peut en pareille matière se contenter de l’initiative privée ? La gratuité n’est pas moins nécessaire ; car il ne faut pas que la pauvreté des parents leur soit un motif ou tout au moins un prétexte pour ne pas envoyer leurs enfants à l’école.

Cette éducation gratuite n’est pas une charge imposée sans mesure à tous les citoyens ; elle est au contraire maintenue dans de justes limites, dans la limite de l’instruction nécessaire, par la sagesse de l’esprit américain. À toute tentative faite pour étendre le programme de l’enseignement public, pour créer, par exemple, des écoles industrielles libres, les vieux maîtres de la Californie répondent que leur gouvernement n’est point un gouvernement paternel, en ce sens qu’il n’est pas dans son essence de se substituer aux familles pour faire apprendre un métier aux enfants. Une grande différence existe, on le voit, entre la théorie californienne et celle des pays de l’Europe chez lesquels l’instruction primaire n’est point gratuite, tandis que l’État donne gratuitement l’enseignement professionnel dans des écoles d’agriculture et d’arts et métiers.

L’éducation publique ne constitue pas un monopole ; la liberté de l’enseignement existe à tous les degrés. Les maîtres des écoles publiques sont obligés de subir des examens, rendus chaque jour plus difficiles, et sont admis aux divers emplois d’après la valeur du diplôme qu’ils ont obtenu. Quant aux instituteurs privés, aucune condition