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REVUE PÉDAGOGIQUE

ses, est admirable à celle-là ; entreprenez donc de lui parler raison, et sans colère, sans la gronder, sans l’humilier, car cela révolte ; et je vous réponds que vous en ferez une petite merveille. Faites-vous de cet ouvrage une affaire d’honneur, et même de conscience. » (28 février 1687.)

Grâce à ces maternelles exhortations sans cesse répétées, les raccommodements se produisaient, et alors la bonne marquise était ravie : « Ne vous avais-je pas bien dit que l’envie de vous plaire achèverait de la rendre parfaite ? Il ne fallait point la mener rudement et vous voyez ce que la douceur a fait sur son esprit ; j’en ai une sensible joie, et pour elle et pour vous. » (4 septembre 1689.) Elle en complimente sa petite-fille : « Ma chère Pauline, j’ai été ravie de revoir votre écriture ; je craignais que vous ne m’eussiez oubliée dans votre prospérité : c’en est une si grande pour vous que d’être bien avec votre chère maman et d’en être devenue digne, qu’une petite tête comme la vôtre en pourrait fort bien tourner. Je vous conseille de continuer l’exercice de toutes vos petites perfections, qui vous conservent l’amitié de votre maman, et en chemin faisant l’estime de tout le monde. » (28 septembre 1689.) Quelle différence du ton de cette lettre avec celui de la sèche Mme de Maintenon à sa jeune nièce : « Je vous aime trop, ma chère nièce, pour ne pas vous dire vos vérités. Vous serez insupportable si vous ne devenez humble ; je vois en vous un orgueil effroyable. Vous savez l’Évangile par cœur, et qu’importe, si vous ne vous conduisez point par ses maximes ? Votre présomption est ridicule devant les hommes et criminelle devant Dieu. Que je vous retrouve, à mon retour, modeste, douce, timide, docile ; je vous en aimerai davantage. » Quel amour, que celui qui s’exprime de la sorte !