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ENSEIGNEMENT MANUEL.

fluence sur les choses du temps et sur les esprits qui viennent après eux ?

Mais, pour concéder quelque chose au despotisme des habitudes, et bien que le dernier feuillet de cette étude fournisse la preuve du contraire, supposons une infériorité relative, et discutons l’emploi nouveau des quatre heures empruntées à l’enseignement purement pédagogique. Verrait-on, je ne dis pas une impossibilité, mais une difficulté notable à développer la méthode que Frœbel recommande pour le premier âge, de façon à ce que sans fatigue disproportionnée, sans contention prématurée, sans danger, les écoliers accédassent insensiblement à des réalisations matérielles, au travail manuel utile et même utilisable ? Que l’on mette dès six ans aux mains d’un enfant une matière plastique quelconque, de la simple glaise, et qu’on lui fasse successivement reproduire une règle plate, un carrelet, un cube, un polyèdre plus compliqué, un solide à surface courbe ; que sur une carcasse en bois, ou lui fasse reporter des reliefs choisis : lettres, feuilles simples, accidents géographiques, la France par bassins séparés, puis réunis, l’Europe, le globe ; qu’en suite on lui mette en main le fusain avec lequel il reproduira les objets précédents, puis le modelage véritable, la sculpture par faces planes sur calcaire tendre, ensuite le polissage à l’émeri, à la lime à bois et à métaux, la préparation des tons dans leur gamme chromatique, le vernissage, etc., etc., que les filles en même temps qu’elles recevraient une partie de ce mème enseignement prennent l’habitude du tricot, comme les fillettes de six ans dans les campagnes reculées de Normandie, de Bretagne, du Roussillon ou de la Provence, qu’elles aillent jusqu’à mener un bas, à faire un ourlet véritable, une vraie boutonnière, à tailler et monter un bonnet à trois pièces, et voilà des enfants qui arriveront à leurs