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REVUE PÉDAGOGIQUE.

qu’ont les parents d’élever et de nourrir leurs enfants ; mais il est plus facile de voter cette loi que de la faire exécuter chez une nation dont les mœurs s’y prêtent peu. La majorité des États américains s’est abstenue jusqu’ici. Sur trente-huit États, il n’y en a que douze qui aient inscrit l’obligation dans leur code scolaire ; la plupart l’ont fait tout récemment ; quelques autres songent à le faire ou y sont poussés par les surintendants de l’éducation, qui, gémissant de l’irrégularité de la fréquentation et du grand nombre d’ignorants que l’immigration ne cesse de leur apporter, se plaignent de l’insuffisance de leurs moyens d’action. « Si nous prenons l’argent des citoyens pour instruire tous les enfants, il faut que tous reçoivent l’instruction, sans quoi les impôts ne seraient pas Justifiés », disait le surintendant de l’Ohio en réclamant l’adoption de ce principe qu’il n’a pas encore pu faire triompher. Dans les États même où la loi l’a proclamé, la répression est sans vigueur, parce que les mœurs secondent mal la loi. Un des intendants du Massachusetts, l’État qui a le plus anciennement prescrit l’obligation, déclarait, en 1874, qu’il fallait des pénalités plus sévères pour assurer la fréquentation des écoles ; « Le mot obligation appliqué à l’éducation, ajoutait-il, a perdu sa signification ».

L’influence germanique a beaucoup contribué à créer des partisans à ce système et je ne doute pas que les Américains, de même que la plupart des peuples du vieux monde, n’y inclinent davantage, à mesure que le besoin de généraliser l’instruction populaire deviendra plus pressant. Mais le résultat qu’on en peut attendre en Prusse ou en Saxe, où les mœurs sont depuis longtemps façonnées à cette obligation et où l’action administrative a une grande force, est tout autre que celui qu’on peut espérer