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LA LANGUE MATERNELLE.

mots par lesquels il exprime ses besoins physiques et ses habitudes. Tout le reste de la langue n’est que des sons qui frappent son oreille sans rien présenter à son esprit. Dans ces conditions la lecture, qui ne serait qu’un exercice vocal. ne lui apprendrait rien. Il faut que les mots lui soient présentés avec les choses qu’ils désignent, qu’ils lui arrivent en même temps que naît en lui la notion physique ou le sentiment moral. Un des mérites de la méthode d’instruction par les leçons de choses est d’exercer l’enfant à observer. à saisir et à exprimer exactement tout ce qui s’offre à lui. Il acquiert ainsi une sûreté et une correction de langage vraiment remarquables.

On se trompe quand on suppose à l’enfant la connaissance des mots qui sont d’un usage courant. Il les répète de confiance et en use comme d’une pièce de monnaie dont la valeur vraie lui échappe. Il n’y attache pas une idée précise et rarement il les emploie avec exactitude.

À la base de l’enseignement de la langue maternelle, il faut donc mettre les exercices de lecture sur des choses en rapport avec l’âge des enfants, et surtout les conversations et les rédactions qui les obligent à parler sur ce qu’ils voient et à se servir des mots dont ils viennent d’apprendre le sens et la forme écrite.

Pourquoi n’userions-nous pas largement pour ce premier degré de l’enseignement des gravures sur bois aujourd’hui si multipliées ? L’enfant serait exercé à se rendre compte de ce que l’image lui représente, à nommer d’abord tout ce qu’il y voit, puis à écrire les mots qu’il a trouvés ou qui lui ont été donnés, enfin à faire de petites phrases bien simples mais exactes. Ce procédé, très-répandu dans les primary schools des États-Unis, y donne des résultats excellents. On est surpris de voir avec quelle perspicacité les images sont décrites et analysées. Ce ne sont pas les objets seuls qui sont reconnus, mais encore la saison où la scène a lieu, la position du soleil sur l’horizon, les senti-