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LES ÉCOLES EN RUSSIE.

de la science comme instrument de civilisation. Il fonda des écoles spéciales et une Académie ; l’un de ses successeurs, l’impératrice Élisabeth, ouvrit en 1758 l’université de Moscou ; il fallait évidemment commencer par instruire l’élite de la nation et il était plus facile d’attirer des physiciens ou des géomètres que des maîtres d’école. L’instruction populaire qui semble devoir être la base de la civilisation n’en est en réalité que le couronnement. Catherine, imbue des principes de nos philosophes, ouvrit un certain nombre d’écoles laïques : celles qui existaient auparavant dépendaient des paroisses ou des monastères. « Il faut, disait le général Betzky, l’ami de Diderot, le protecteur éclairé des sciences, ’il faut au moyen d’une bonne éducation former une génération nouvelle, de nouveaux pères et mères qui puissent greffer sur leurs enfants une éducation basée sur les véritables principes. »

L’empereur Alexandre Ier fonda en 1802 le Ministère de l’Instruction publique ; Nicolas, par esprit d’absolutisme et par crainte de la contagion révolutionnaire, tint l’enseignement et les professeurs en suspicion. Son successeur le souverain actuel comprit que c’était peu d’émanciper les serfs s’il ne leur assurait le moyen de devenir des citoyens utiles et intelligents. Il créa près le Ministère de l’instruction publique, sous le nom de Comité scientifique, un corps analogue à notre Conseil supérieur et qui a comme lui réalisé plus d’une mesure importante. Ce comité commença par élaborer un règlement général dont l’exposé des motifs présente quelques passages fort remarquables.

« Il faut avant tout, disait le règlement, donner pour but réel et effectif à nos écoles inférieures et moyennes de former des hommes, c’est-à-dire de produire chez la jeu-