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ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENT SÉLECTIF

différences dans l’intérêt que porte à quelque chose un enfant de dix ans et un autre du même âge et du même niveau. Tous ceux qui s’approchent des enfants s’en rendent très bien compte. C’est pourquoi il serait très utile, indispensable même, d’avoir une riche documentation sur ces différences individuelles. Et l’organisation de Gary a été dans le vrai en introduisant un système basé sur ces différences de goûts et d’aptitudes. Ce qui lui manque c’est une connaissance plus approfondie de ces différences et un triage moins empirique et moins superficiel.

On ne pourra faire justice à tous les enfants de l’école qu’en les connaissant mieux. Mais en attendant, on ne peut pas entasser les enfants pêle-mêle dans les classes comme on le fait, à quelques exceptions près, partout en Europe et en Amérique. Les systèmes actuels de sélection ont des défauts, mais ce n’est pas une raison pour renoncer à toute sélection. En attendant mieux, il faut se décider pour celui qui présente le moins possible d’inconvénients, pour celui surtout qui peut le plus facilement s’adapter aux conditions données d’une école et d’un pays. Et nous tâtonnerons moins si l’expérience et la pratique d’autres systèmes de triage et surtout si la connaissance de leurs défauts nous servent de guide.

Ainsi nous ne pourrions pas réaliser chez nous un système aussi vaste et aussi centralisé que celui de Gary, et d’auteurs nous n’en voudrions pas.

Comment pourrions-nous faire de l’école existante une « école sur mesure » dans le sens véritable du mot, autrement dit comment pourrions-nous adapter cette école à toutes les individualités enfantines ? À moins que l’enfant ne relève de l’asile, nous voudrions éviter autant que possible les écoles spéciales pour les arriérés ; également celles pour les « doués ». Nous voudrions de même éviter cette division à outrance du travail qui est transportée de l’usine à l’école et qui peut être beaucoup plus nuisible ici que là, étant donné que nous n’avons pas affaire à des êtres déjà formés.

D’autre part nous ne sommes pas à même de dresser de toutes pièces des bâtiments à « l’américaine ». Il nous faut enfermer l’ « école sur mesure » dans le cadre existant, cadre formé par les bâtiments scolaires et le corps enseignant. Ce cadre étant