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NÉCROLOGIE

gnon de labeur, maint épisode significatif. Je n’en retiendrai que deux.

Au moment où la guerre éclata, je venais d’arriver à la Direction de l’Enseignement primaire, et je ne fais aucune difficulté pour avouer que mon inexpérience n’était pas sans m’inspirer, dans ces graves circonstances, quelque appréhension. Je fus vite rassuré. Quelques jours à peine après la mobilisation, Maurice Charlot m’apportait un projet de circulaire où était prévu dans le plus grand détail tout le trouble que la guerre allait apporter à la vie scolaire, non seulement par l’incorporation de nos instituteurs et la réquisition de nos locaux, mais par les mouvements de la population civile, l’afflux des ouvriers vers les usines de guerre, l’exode des habitants de la zone des combats. Et l’on ne se bornait pas à prévoir la tourmente ; on envisageait les mesures nécessaires pour y parer : on créait de toutes pièces un corps de maîtres intérimaires ; on utilisait toutes les réserves du personnel ; on assouplissait, en vue de ces circonstances si anormales, les règlements faits pour l’état normal. Je n’hésite pas à déclarer que, si la vie scolaire a pu reprendre dès le début d’octobre 1914 avec un minimum de désorganisation, on le doit à l’ingéniosité de Maurice Charlot.

De même qu’il avait su prévoir, dès les premiers jours d’août 1914, les contre-coups de la guerre sur l’école, de même il a su prévoir, dès l’armistice, la forme que la paix allait donner aux problèmes scolaires. Entre temps, il avait exprimé le désir de changer de service et de s’occuper des constructions. Je me demande si ce désir n’avait pas été motivé, autant que par des raisons de santé, par une sorte d’intuition des graves difficultés que nous allions rencontrer sur ce terrain. Négligées pendant les hostilités, beaucoup de nos écoles ne risquent-elles pas de tomber en ruines ? Appauvries par la guerre, les communes auront-elles le moyen de les réparer ou de les reconstruire ? De ce problème, on commence à peine à sentir aujourd’hui l’acuité dans nos communes de France. Dès 1918, Maurice Charlot l’avait nettement aperçu. Et il en avait préparé et mûri une solution des plus originales. C’est cette solution qui a été adoptée l’an dernier par le Parlement. Il ne m’est pas interdit de révéler que le Ministre en exercice lors de l’élaboration de ce règlement avait été si frappé de sa valeur qu’il s’était