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REVUE PÉDAGOGIQUE

et le chauffage central. L’architecte, homme de goût et de sens pratique à la fois, a su, tout en aménageant les salles avec tout le confort propre à faciliter le travail, respecter le caractère de l’édifice. Celui-ci est construit dans le style vieux-castillan, tout imprégné d’influences mauresques, le style « mudejar », dont l’élégance sévère s’harmonise si bien avec la nudité de la plaine castillane et l’immensité de son ciel. Pour une œuvre d’éducation populaire, de civilisation, aucun choix n’est supérieur à celui d’un édifice dont l’aspect donne un perpétuel enseignement d’harmonie et de beauté.

Par une inspiration aussi heureuse, quoique différente, ce n’est pas dans la ville même, mais sur ses confins, que l’on a choisi l’emplacement des écoles primaires. Sur un plateau dominant d’une centaine de mètres la plaine du Douro, qui coule à ses pieds, Toro est assise, comme sur un trône. Elle fut reine autrefois, en effet, capitale de la province qui portait son nom. Entre autres vestiges de sa gloire passée, elle possède une belle église romane qui occupe l’extrémité sud-est du plateau, l’extrémité opposée, sorte de promontoire relié à la ville par une charmante promenade ombragée, porte, — en attendant les autres, — trois des pavillons scolaires de la Fondation Allende. Ce sont : à l’entrée, une maison d’habitation pour un maître chargé de la surveillance et pour le concierge ; plus loin, l’école maternelle, et, à l’extrême pointe, la cantine, toutes trois en briques roses et de style « mudejar », fort élégantes, et d’une construction très soignée.

La cantine comprend deux vastes salles à manger, une cuisine, une buanderie-salle de bains, des magasins de provisions, et, sur le toit, un belvédère d’où le regard embrasse un des plus vastes panoramas qui soient au monde : la plaine de Castille, immense comme la mer, avec des ondulations puissantes qui semblent une houle pétrifiée. Blonde ou fauve, vêtue de chaume — c’est la « terre du pain », le grenier de l’Espagne, — ou de broussailles grillées par le soleil, elle s’étend, désertique, jusqu’aux plus lointains horizons. Le Douro y décrit son cours sinueux et changeant, qui, après avoir frôlé la base du plateau torésan, s’en va se perdre dans l’infini de la distance. Grâce à lui, Toro, de ce côté, s’enguirlande de champs, de jardins, de