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UNE ŒUVRE ESPAGNOLE D’ÉDUCATION

son capital, la Fondation est en mesure d’assurer largement le fonctionnement de tout l’organisme : écoles primaires, cours d’adultes (enseignement professionnel et culture générale), Université populaire, œuvres complémentaires. Une partie du programme est déjà exécutée ; le reste prendra corps au fur et à mesure des épargnes réalisées sur le revenu annuel.

Un trait original de cette œuvre aux multiples organes, c’est qu’elle fonctionne, non pas dans un lieu unique, en quelque vaste bâtisse toute neuve, montagne de pierre, labyrinthe de couloirs et d’escaliers desservant des enfilades de salles, comme on se représente volontiers un édifice élevé en l’honneur de la science ou de la pédagogie. Ces mornes bâtiments absorbent des millions. Les organisateurs de la fondation Allende ont pensé sans doute, avec raison, qu’ils avaient un meilleur emploi de leur argent. En outre, une pareille construction, qui trouve dans une grande ville son cadre naturel, eût été déplacée à Toro.

Imaginez une grosse bourgade de huit à neuf mille habitants, aux rues étroites, serpentantes et caillouteuses dont la ligne médiane est indiquée par un ruisseau remplissant l’office d’égout collecteur. (Les petites villes espagnoles, et même quelquefois les grandes, ignorent certaines commodités domestiques, dont la voie publique est le succédané ordinaire.) Cependant, ces rues malodorantes sont bordées de façades richement écussonnées, derrières lesquelles s’ouvrent de belles salles de nobles proportions, avec des plafonds aux caissons peints de couleurs autrefois vives et harmonieuses. Les fenêtres sont masquées de grilles élégantes, aujourd’hui rouillés. C’étaient là des demeures seigneuriales, et Toro se vante d’un passé qui le cède à peine en gloire à Zamora, sa voisine, célèbre dans les fastes du Cid.

11 n’était pas difficile, parmi tant de vieux palais désaffectés, d’en trouver un qui, convenablement remis en état, put abriter les services de la Fondation Allende : et c’est ainsi, en effet, que l’ancienne demeure des marquis de Castrillo devint la « Casa central » de la Fondation. Là sont réunis, avec les classes d’adultes et les ateliers de travail manuel, tous les services de l’Université populaire : bibliothèque, musée, salie de conférences et de réceptions, salle de réunion des comités, secrétariat, appartement du directeur. On y a installé la lumière électrique