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L’ENSEIGNEMENT DES INDIGÈNES EN ALGÉRIE

1891, il aurait fallu en ouvrir 50 ou 60 chaque année, c’est à peu près le chiffre total des créations effectuées en cinq ans, de 1891 à 1896. La participation des communes fait dépendre en grande partie de leur situation financière et de leur bonne volonté l’établissement des projets. L’administration académique est forcée de se mettre à leur allure. Aussi, à la fin de 1894, n’avait-on pu faire emploi de la totalité des crédits inscrits pour subvention de l’État depuis 1892. Il restait un disponible de 143,000 francs. Au budget de 1895, le crédit fut abaissé à 270,000 francs. On protestait d’ailleurs contre toute idée d’abandon ou de retour en arrière ; il ne s’agissait que d’un règlement de comptes, d’une sorte de régularisation d’écritures, puisque, par le report du reliquat de 1894, on retrouvait un total de plus de 400,000 francs à distribuer en subventions. L’année suivante, on n’inscrivit plus que 265,000 francs au budget de 1896. Malgré les propositions du gouvernement, qui demandait un relèvement de 85,000 francs, le même chiffre a été maintenu pour 1897 ; encore la commission du budget et son rapporteur avaient ils manifesté la velléité de l’abaisser à 200,000[1]. De réduction en réduction, le crédit est menacé de disparaître complètement. Le langage tenu dans le rapport et dans la discussion est significatif. Cette fois on ne parle plus de reliquats à employer, pas même d’économies à réaliser, mais « des doutes nombreux qui se sont élevés sur l’efficacité et l’utilité de l’enseignement indigène[2] ». Il n’y a donc pas à s’y tromper, c’est l’enseignement indigène tout entier qui se trouve remis en question.

Voyons donc ces objections qui ont paru assez fortes pour faire abandonner en 1896, après une expérience à peine commencée, le plan adopté en 1891 et 1892 au milieu d’une approbation unanime. On ne peut se plaindre qu’il ait entraîné pour l’État des sacrifices imprévus. Nous avons vu quelles réductions successives a subies le crédit de constructions d’écoles. Le crédit pour les traitements du personnel, qui devait s’accroître normalement de 150,000 francs par an pour répondre aux créa-

  1. Rapport fait au nom de la commission du budget, etc. : Services de l’Algérie, par M. Chaudey, p. 68.
  2. Ibid, p. 69.