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REVUE PÉDAGOGIQUE

autres établissements d’enseignement s’élevait à 3,172, soit un peu plus d’un élève (1.11) pour 1,000 habitants. C’était le temps où, avec une généreuse confiance dans l’efficacité de l’instruction, le gouvernement républicain, soutenu par l’opinion, faisait de si puissants efforts pour développer dans la métropole l’enseignement primaire. La situation scolaire de l’Algérie indigène ne pouvait le laisser indifférent. Dès 1879, Jules Ferry, alors ministre de l’instruction publique, annonçait au gouverneur général l’intention de mettre à l’étude toutes les questions intéressant son département en Algérie, « et parmi ces questions, écrivait-il, celles que soulève l’instruction primaire sont de nature à occuper la première place au point de vue de notre influence sur la race indigène ». Des missions furent organisées, la construction de plusieurs écoles décidée et mise en train en Kabylie. Le 14 février 1883 parut un décret d’organisation qui édictait le principe de l’obligation pour les enfants indigènes de sexe masculin, mais en laissant au gouverneur la faculté de l’appliquer suivant les ressources et les circonstances. Ce premier décret se trouva abrogé par la loi du 30 octobre 1886 sur l’instruction primaire, qui fut déclarée applicable à l’Algérie et complétée, pour ce qui concernait les indigènes, par le décret du 9 décembre 1887. L’instruction devait leur être donnée dans les écoles publiques ouvertes aux enfants de toute nationalité, et dans les écoles spéciales, entre lesquelles on distinguait plusieurs catégories. Le personnel enseignant devait être en grande partie français, mais on se réservait d’employer le concours d’auxiliaires indigènes, instituteurs, adjoints, moniteurs, qui furent préparés dans les cours normaux annexés aux écoles normales d’Alger et de Constantine[1]. En 1890, des programmes spéciaux furent rédigés pour être appliqués dans les écoles indigènes. On obtint ainsi quelques résultats. Le nombre des élèves, de 3,172, monta en 1885 à 5,695, en 1890 à 11,206. Toutefois les progrès demeuraient bien lents. Les communes, sur qui retombait presque toute la charge des constructions d’écoles, ne s’empressaient guère de provoquer des créations. L’État, qui avait à son compte les dépenses du personnel, n’affectait à l’enseignement

  1. On a créé en 1893 un cours normal pour les monitrices indigènes à Tad-dert-Ou-Fella.