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REVUE PÉDAGOGIQUE

MM. Payot et Carré estiment si nuisible dans l’enseignement de l’orthographe, existe exceptionnellement lorsque l’élève, relisant sa dictée avant de la soumettre à correction, rencontre un mot qu’il ignore ou sur lequel sa mémoire lui semble en défaut. Alors il articule le mot, il l’écrit rapidement, l’examine, fait appel inconsciemment à ses divers souvenirs et finalement adopte une forme quelconque,… ou fait un pâté. Mais le doute reste dans son esprit ; il considère ce qu’il a écrit comme une indication provisoire ; dès qu’il prend, pour la correction, le cahier de son voisin, ses yeux se portent sur le mot douteux, à moins qu’il n’ait déjà copié furtivement le mot en question sur ce même voisin ; et, quand il relira son cahier corrigé, il imprimera de nouveau dans ses yeux l’orthographe correcte du mot, qu’il a mise probablement dans sa main en corrigeant le cahier du camarade ou son propre cahier[1].

L’enseignement de l’orthographe avec la dictée et non par la dictée ― car la leçon d’orthographe consiste dans les explications qui précèdent et dans les observations et les opérations qui suivent la dictée du texte ― offre ce grand avantage, au point de vue de la pédagogie, que tous les maîtres peuvent appliquer la méthode avec une correction et un succès suffisants, pourvu qu’on leur donne quelques conseils généraux. Tandis que les nouveaux procédés recommandés par MM. Payot et Carré seraient d’une application infiniment plus délicate, parce qu’ils constituent des instruments pédagogiques plus parfaits ; et beaucoup de nos instituteurs, malgré leur bonne volonté, n’auraient pas les qualités personnelles que l’emploi de la nouvelle méthode exige.

Enseigner l’orthographe par la copie d’une série de textes convenablement choisis et par des exercices de vocabulaire savamment gradués présentera l’immense difficulté suivante. Afin de graver dans la mémoire les souvenirs graphiques et visuels d’une façon

  1. Dans nos bonnes écoles du Morbihan, l’élève du cours élémentaire corrige son propre cahier, ainsi que nous l’indiquons dans les notes précédentes ; mais, dans le cours moyen préparatoire au certificat d’études, l’élève, au lieu de marquer simplement la faute sur le cahier d’un camarade, effectue la correction.