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LA DICTÉE ET L’ENSEIGNEMENT DE L’ORTHOGRAPHE

variera d’objet avec les individus. Le maître ne peut rectifier systématiquement, par des exercices de copie ou de vocabulaire, les erreurs latentes de mémoires si diverses, et la dictée m’apparaît, pour découvrir ces erreurs, comme une opération mécanique tout à fait remarquable. Le texte est dicté, le cahier de chaque élève porte la trace des défaillances respectives ; le maître n’a plus que l’embarras du choix pour donner à la mémoire de chacun une impression nouvelle et correcte. La dictée est donc autre chose qu’un moyen de vérification ; c’est aussi un procédé d’étude, car elle permet à l’instituteur d’apprécier tous ses élèves et à chaque élève de se connaître et de se juger en ce qui concerne l’orthographe.

MM. Carré et Payot font, il est vrai, l’objection suivante sur laquelle ils insistent beaucoup :

Le souvenir auditif n’a que fort peu de valeur au point de vue orthographique. Restent les souvenirs d’articulation, les souvenirs graphiques et les souvenirs visuels. Les premiers, dans la dictée, sont négligés. Les souvenirs graphiques sont déplorables, ainsi que les souvenirs visuels actifs, quand l’élève orthographie mal le mot ; il l’écrit mal, il le voit et le revoit mal écrit ; de sorte que le mot défectueux se fixe dans sa mémoire par ces deux souvenirs très nets. Que fait alors le maître ? Il corrige à l’encre rouge, ce qui ne peut effacer le souvenir visuel vicieux, parce qu’en écrivant le mot vicieusement, l’élève a fait un effort de recherche, tandis qu’il lit la correction sans effort. »

On peut répondre que l’élève, quand il écrit sous la dictée rapidement, ce qui est le cas de la pratique dans nos écoles, trace les mots sur son cahier sans grande attention et sans effort de recherche. Pendant la correction, au contraire, qu’il suit, ne l’oublions pas, sur le cahier d’un autre, son attention est attirée sur des mots bien écrits ; l’impression fugitive d’un mot entrevu mal orthographié étant remplacée aussitôt par celle du mot corrigé. Enfin, quand il reprend son cahier et qu’il l’examine avec soin[1], il revoit des mots correctement écrits.

Cependant l’effort de recherche sur un mot mal écrit, que

  1. Et qu’il le corrige en consultant son livre ou le tableau sur lequel le texte est inscrit, quand il s’agit du cours élémentaire.