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sition et l’adjonction d’un son. C’est à tort que l’on qualifie le mordant de la première partie de la Septième Symphonie de wagnérianisme.

Même dans la partie la plus mélancolique que Bruckner ait jamais écrite, dans la première partie de la Sixième Symphonie, c’est la règle de la direction normale du développement des sons qui nous révèle la volonté du compositeur malgré l’insuffisance de la notation. Dans la quatrième mesure de cette première partie, les soi-disant triolets ne sont qu’une suite de deux groupes de deux sons qui sont entrecoupés par un son isolé. Dans chacun des deux groupes le son le plus grave est le plus intense. De même tous les triolets qui se trouvent dans les symphonies de Bruckner s’expliquent par la simple logique des sons comme expression d’une émotion changeante qui demande une certaine liberté de la mesure. On a fait gravement tort à la musicalité de Bruckner en expliquant ces triolets comme un rythme de danse. Cette incompréhension a fondamentalement défiguré le caractère de la Quatrième Symphonie, dont le scherzo et le final débordent de triolets. On sait que Bruckner même a entretenu cette erreur par une explication programmatique de sa Quatrième Symphonie. Il semble que les interprètes de Bruckner n’aient pas pu oublier ce programme de la symphonie, bien que Bruckner lui-même l’ait abandonné. Les premières interprétations d’un grand musicien furent toujours extérieures et trompeuses.

L’intensité psychiquement normale exprimée dans la direction normale des sons, anime aussi le premier thème de la Cinquième Symphonie (page 5 de la partition de piano à deux mains). Ce thème se détaille tout naturellement dans une suite de deux sons accouplés, dont le plus grave est le plus intense. Seul le troisième son du thème est indépendant ; l’octave qui forme la fin décroît en montant.

Nous venons de parler de sons indépendants dans les thèmes de Bruckner ; et de ces sons indépendants nous arrivons à la question de la forme des symphonies de Bruckner. L’incompréhension de la forme de Bruckner a été jusqu’ici l’obstacle