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Veuillez croire que ces expressions sont réfléchies, que le soi-disant chaos que vous allez entendre, n’en est un qu’à une première audition, et que là où l’auditeur de la première heure inscrivait désordre, nous sommes en droit, tout à fait en droit, de proclamer non point ordre nouveau, mais effets nouveaux de l’ordre ancien implacablement respecté. La maison est neuve, d’un nouveau style, de nouvelles proportions, mais c’est toujours la maison. Il y aura vingt-trois ans cet hiver, que nous entendions la Romantique pour la première fois, et si nous en parlons d’après l’audition d’hier, sous Lœwe, c’est après cinq autres auditions ou répétitions de M. Lœwe, plus toutes celles de MM. Hans Richter, Haussegger, Schnéevoigt, Weingartner, Raabe, Stavenhagen, Mottl, sans compter Lassalle. Veuillez donc croire à une admiration réfléchie.


La symphonie en mi bémol majeur, chaude, abondante et dorée comme un bel automne danubien, a été commencé en 1874 et achevée dans sa seconde rédaction en 1881. Elle est dédiée au prince Constantin de Hohenlohe-Schillingsfürst et fut exécutée pour la première fois à Vienne, sous Hans Richter, en février 1881.

PREMIER MORCEAU (achevé le 25 juin 1878). « Calmement mouvementé ». Allegro molto moderato. Ut majeur. Mi bémol majeur. Je connais peu de choses aussi belles, aussi pleinement réussies dans l’œuvre de Bruckner que l’exposition des deux thèmes, le premier, romantique à souhait, porté comme du fond lointain de la forêt de Weber ou de Wagner, par un cor mélancolique et légendaire à l’égal de celui d’Alfred de Vigny. Et tout de suite nous arrivons à une de ces superbes fanfares que d’autres réservent pour leur finale et qui n’effraient pas, dès le début, l’ami intime de saint Michel, continuellement hanté par la vision des cohortes célestes. Sur ce départ pour la gloire, le second thème apparaît comme le jeu de la bonhomie, de la