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La quatrième Symphonie d’Anton Bruckner


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Bruckner, c’est en Autriche l’expression symphonique du même temps, du même monde, du même idéal musical, dont Wagner en Allemagne créa l’expression dramatique. Inséparable de Wagner à cause de cela devant la postérité, il ne lui doit rien. Sans Wagner, Bruckner subsisterait tout entier, identique. Sauf quelques expressions du respect et de l’amour de Bruckner, qui se manifestèrent par la volontaire filialité ou affiliation, comme l’on voudra d’un ou deux motifs, par quelques rappels d’atmosphères ou de thèmes wagneriens, qui semblent, eux, mettre dans le discours musical une sorte de « Vous souvenez-vous, ô Maître, quand vous disiez ceci… », sauf ces généreux détails d’amitié et d’estime, Wagner supprimé, il n’y aurait rien, absolument rien de changé dans l’œuvre du vieux Maître catholique autrichien. Ce héros de son art, qui fut un saint de sa religion, n’a jamais profité de l’amitié et du voisinage de Wagner. Il en a au contraire toujours pâti. Ces choses sont prouvées par les faits : examen des manuscrits d’œuvres de jeunesse, confrontations des diverses versions de symphonie, chronologie et biographie. Ce n’est aujourd’hui ni le lieu, ni le moment de cette démonstration. Il faut aller droit au plus pressé.

Lyon va entendre la quatrième Symphonie du Maître. Dieu veuille que Lassalle et son orchestre soient dans un de leurs