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qui ou bien ne connaissent pas l’œuvre entier de Mahler, ou bien pas l’œuvre entier de Bruckner.


Une quelconque de ces symphonies entendue en France, dans l’état des goûts et des modes qui y règnent aujourd’hui y trouve évidemment le terrain le plus mal préparé possible. J e ne veux pas indiquer la possibilité d’en appeler à Lyon d’un jugement défavorable de Paris. La façon dont on juge Bruckner aujourd’hui ne juge plus que ceux qui le jugent. On ne peut plus grand’chose pour sa gloire, plus rien pour son martyre. Mais il m’étonnerait fort qu’une ville, religieuse et savante, comme celle qui a produit Puvis de Chavannes et vu s’élever la basilique de Fourvière, ne sente pas, à l’ouïe de cette Quatrième Symphonie, que quelque chose lui est apporté d’un sentiment, d’une honnêteté et d’une grandeur insolites, à quoi ne peuvent s’appliquer les critères de la commune mesure. Et je serai déjà heureux si le résultat de cette expérience est tel qu’il laisse à une vingtaine de bons esprits et de cœurs généreux le désir de n’en pas demeurer là, et de faire plus ample connaissance avec celui dont Wagner même a dit que c’était le symphoniste de l’avenir et dont tout ce qui, en Allemagne, a voix au chapitre proclame que c’était le plus grand musicien de son temps, l’un des plus grands qui aient jamais existé.

Pour conviction conforme :

WILLIAM RITTER.[1]
  1. J’ai jugé inutile de démarquer, comme tant d’autres en pareils cas, les petits guides techniques à vingt pfennig, qui existent en Allemagne de toute grande œuvre musicale, dans la collection Schlesinger. J’ai donné ici les impressions telles quelles de ma dernière audition, sous l’admirable Ferdinand Lœwe, le 9 janvier dernier. Il en est des chefs d’orchestre comme des auditeurs on n’en arrive pas au définitif du premier coup. La version Lœwe de la quatrième symphonie a désormais un caractère d’absolu.