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Bruckner à N. D. de Fourvière.

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Nous faisions allusion, dans notre dernier numéro, à un curieux article de M. William Ritter publié sous le titre un peu surprenant de Bruckner à Notre-Dame de Fourvière dans le premier numéro d’une revue catholique lyonnaise, Lugdunum, dont l’existence fut très brève. Il est daté de « Munich, mai ; 1908 », et débute ainsi :

Ce fut l’illumination de mon cœur, à la minute même de mes premiers pas chancelants, de mes premiers regards éblouis, l’an passé à pareille époque, dans le sanctuaire que je n’avais pas revu depuis quinze ans. Tout ce qu’il y a de plus beau au monde, prodigué, même de nos jours, à la célébration de la Foi ! Alors aussi, dans la splendeur de saphir, d’or et de mosaïque, évocatrice de la Perse, de Byzance et de Venise, dans la lucidité latine d’une architecture de symboles qui soude l’Orient à l’Occident, l’Assyrie et l’Égypte au Zohar et le Zohar au Nouveau Testament, dans la générosité limpide d’une lumière toute française, là, au mépris du temps et de l’espace, bien haut par dessus les querelles des nationalités et des jours, ce que la foi chrétienne a inspiré de plus beau à la musique, l’œuvre qui scelle le siècle d’efforts qui va de la grand’messe de Haydn « die grosse », de la Messe du Couronnement de Mozart et de la Missa solemnis de Beethoven, à la Messe de Gran, à la Messe et aux Béatitudes de César Franck, et au Requiem de Dvorak : le Te Deum de Bruckner et sa messe en fa mineur. Et même ses symphonies.

Notre-Dame de Fourvière est l’éclatante revanche du véritable art catholique sur le bazar, et, disons-le net, sur ce que la