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20,000 francs à Paris ; de même qu’un revenu de 10,000 francs en Basse-Bretagne est bien plus considérable qu’un revenu de pareille somme à Paris[1]. »

J’accorde à M. Say la première partie de son assertion 20,000 francs ou mille hectolitres de froment ne peuvent me servir pour comparer la valeur d’une maison d’autrefois à celle d’une maison d’à présent (quoique, plus tard, M. Say ait trouvé que le meilleur moyen de comparer deux valeurs à des époques éloignées, c’est de les évaluer en froment) ; une maison, à Paris, de 10,000 écus, au temps d’Henri IV, valait bien plus, et représentait une richesse plus considérable qu’une maison qui vaudrait à présent 10,000 écus, et cela, par la raison qu’en donne M. Say, c’est-à-dire à cause de la différence qui est survenue dans la valeur des écus de l’une à l’autre époque. Mais je ne partage plus du tout l’avis de M. Say, lorsqu’il prétend qu’une maison de 20,000 francs, en Basse-Bretagne, vaut plus qu’une maison de 20,000 fr. à Paris, et qu’un revenu de 10,000 fr., en Basse-Bretagne, est plus considérable qu’un revenu de pareille somme à Paris. L’opinion que M. Say laisse échapper ici, à ce sujet, me paraît éminemment contraire à tous les principes fondamentaux de l’économie politique, aux principes que M. Say a glorieusement contribué lui même à établir ; et je ne saurais, ce me semble, la combattre trop vivement. Il est évident que M. Say confond ici deux choses que j’ai cherché à distinguer dans tout le cours de mes travaux économiques, et que M. Say a distinguées lui-même

  1. Traité d’Économie politique, 5e édition, t. II. p. 88.