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solue des métaux précieux tend à être la même, ou, à très peu de chose près, la même dans tout l’univers ? Si la valeur de l’or et de l’argent est un peu plus forte en Europe et en Asie qu’elle ne l’est en Amérique, cela tient évidemment aux frais de transport qui, dans le premier cas, s’ajoutent à la valeur de la matière. Abstraction faite de cette circonstance, la valeur des métaux précieux, considérés en eux-mêmes, est identique dans tout le monde commerçant ; et en effet, une bouteille de vin de Bordeaux ou de Champagne vaut un certain prix qui est le même pour l’habitant de Bordeaux ou d’Épernay, que pour l’Anglais qui de meure à Londres, et pour le Russe qui demeure à Saint-Pétersbourg. Mais l’habitant de Bordeaux ou d’Épernay n’a pas d’autre sacrifice à faire, pour se procurer la jouissance d’une bouteille de vin, que d’en payer la valeur au lieu où il se trouve, qui est le lieu où croît le vin ; tandis que l’habitant de Londres et celui de Saint-Pétersbourg qui veulent se procurer la même jouissance, doivent ajouter au prix du vin la valeur des frais de transport. Tout le monde convient, comme on le voit, que les métaux précieux sont les marchandises les plus faciles à transporter, celles par conséquent dont les frais de transport sont le moins considérables ; par où l’on voit que la valeur de l’or et de l’argent augmente de bien peu de chose lorsque ces métaux précieux passent d’un pays à l’autre, et que des lors il n’est pas trop inexact de dire que l’or et l’argent ont la même valeur dans tout l’univers.

Il suit de là que si l’on vient nous dire qu’un chameau vaut au Caire 50 sequins, en sachant que 50 sequins