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Les échanges n’ont pas seulement lieu à la fin de chaque siècle : ils sont de tous les jours, de tous les momens ; il leur faut pour s’effectuer rapidement et sans hésitation, un terme de comparaison moins fautif et moins inconstant. Quel embarras, quelle confusion dans les achats et les ventes, si, tous les trois ou quatre ans, il fallait déterminer le prix véritable de l’or et de l’argent qui les opère ! s’il devait y avoir une mercuriale pour la monnaie, comme pour le grain ! si, dans le temps de disette, la société devait doubler son numéraire pour avoir une même quantité de choses nécessaires à la vie ! Supposez que toute la masse monétaire soit, ainsi que le blé, produite en une année, et consommée tous les ans ou tous les deux ans, alors l’argent éprouvera aussi une hausse et une baisse proportionnée à sa bonne ou mauvaise récolte ; mais il faut une longue série d’années pour le consommer et le détruire, et pour qu’il se fasse une augmentation ou une diminution sensible dans sa quantité et dans sa valeur, qui doit ainsi, en partie, sa fixité à la durée du métal auquel elle est attachée. Comme l’argent est employé par toutes les nations, et qu’on en désire d’autant plus qu’on en possède davantage ; comme de grandes quantités ajoutées aux anciennes n’en sont pas subitement jetées dans la circulation, qu’il se porte soudain là où il s’en fait un vide, et qu’il tend sans cesse à se mettre en équilibre ; comme sa consommation, par le détritus des monnaies, les dorures, les enfouissemens et sa conversion en ustensiles, est à peu près égale à son émission, il arrive qu’il faut des siècles pour que l’accroissement de sa masse devienne