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il s’agit, à la fortune ou au revenu que l’on considère. Envisagés de cette manière, les métaux précieux s’appellent le numéraire, parce qu’ils servent à compter ou à mesurer le taux des différentes valeurs, à apprécier les différentes possessions.

Cette appréciation est de même nature que celles que l’on fait tous les jours, à propos des longueurs et poids. Voici, je suppose, une pièce de toile. Vous dites qu’elle pèse vingt-cinq livres, qu’elle tire trente aunes de long, et qu’elle coûte quatre-vingts francs. Maintenant dites-moi, de grâce, s’il n’y a pas la plus étroite analogie entre les trois expressions dont vous venez de vous servir, et si la troisième n’exprime pas, comme les deux premières, et aussi bien que les deux premières, un rapport de grandeur, une appréciation du quantité. En disant que la pièce de toile pèse vingt-cinq livres, vous me donnez une idée exacte de son poids ; en disant qu’elle tire trente aunes de long, vous me donnez une idée exacte de sa longueur ; mais en disant qu’elle coûte quatre-vingts francs, ne me donnez-vous pas également une idée exacte de sa valeur ? La livre et l’aune sont des unités de mesure ; ce sont des unités de poids et de longueur. En serait-il autrement du franc ? Peut-on y méconnaître une unité de valeur ? Et tout le monde ne sait-il point que le franc ; est une certaine quantité d’argent ?

Mais j’en ai déjà fait la remarque ailleurs, et c’est un principe dont on peut se convaincre tous les jours, la vérité est plus forte que tous les systèmes. En dépit des préjugés, elle pénètre dans l’intelligence même qui la repousse, elle s’échappe du cerveau qui la re-