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Il n’y a presque pas d’auteur aujourd’hui qui ne récrie très fortement contre la prétention de mesurer la valeur, ou de lui trouver un terme de comparaison. Il répètent à satiété que la valeur est essentiellement variable, qu’il n’y a rien de plus variable que la valeur, que la valeur ne peut se mesurer que par la valeur toutes choses que je suis fort éloigné de leur contester, et ils ajoutent, ce qui me paraît beaucoup moins évident, qu’il n’y a pas de valeur moins variable que les autres, et qu’il n’y a pas l’entreprise plus chimérique que celle de vouloir mesurer la valeur. En un mot, la doctrine économique généralement proclamée aujourd’hui, c’est que la valeur ne peut point se mesurer, faute d’un terme de comparaison ou d’une unité de mesure.

Mais à quoi sert de se roidir contre les faits, et de vouloir les contester, alors même qu’ils tombent sous les sens ? De ce que Smith a commis une grossière erreur, en avançant que le travail était la véritable mesure de la valeur, il ne s’ensuit pas rigoureusement que nous soyons dans l’impossibilité absolue de mesurer la valeur, ou d’apprécier la richesse sociale. Il s’ensuit seulement qu’il faut chercher un terme de comparaison moins variable que le travail. Or, je viens de prouver que les métaux précieux sont une valeur peu variable, en comparaison de toutes les autres, et j’en ai conclu assez légitimement, ce me semble, que les métaux précieux nous offrent ce terme de comparaison.

En vain objecterait-on que l’or et l’argent sont des valeurs variables, et qu’ils ne remplissent pas parfaite-