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l’arvoir commise, il n’était plus possible de se faire une juste idée de l’importance des métaux précieux, et du double rôle qu’ils sont appelés à jouer en économie politique.

Un écrivain très distingué, M. de Sismondi, commence sa théorie du numéraire en disant que les métaux précieux sont le signe, le gage et la mesure des valeurs[1]. De ces trois propositions, la première est fausse. Elle a été déjà combattue et réfutée par des économistes du premier mérite, et leurs argumens m’ont toujours paru sans réplique[2]. La seconde maxime est exclusive, et c’est par la qu’elle pèche complètement. L’or et l’argent ne sont pas plus que toute autre denrée ou marchandises le gage des valeurs. En thèse générale, toute valeur est le gage d’une valeur égale. Toute valeur assure et garantit, d’une manière plus ou moins solide, à son propriétaire, l’avantage de jouir, quand il le voudra, d’une valeur équivalente à celle qu’il possède. L’or et l’argent ont, sans doute, à ce sujet, une espèce de privilège sur les autres richesses sociales. Ils s’échangent avec plus de facilité. Mais la différence qu’il y a, sous ce rapport, entre les métaux précieux et les autres espèces de marchandises est une différence du plus au moins ; ce n’est pas une différence essentielle et fondamentale ; et des lors, il ne me paraît pas convenable de faire à l’or et à l’argent un titre de distinction d’une qualité qui convient, quoiqu’à

  1. Nouveaux principes d’Économie politique, deuxième édition, tome II, page 1re.
  2. Voyez le Traité d’Économie politique, de M. Say, cinquième édition, tome II, page 82.