Page:Revue mensuelle d’économie politique - 1836 - T5.djvu/16

Cette page n’a pas encore été corrigée

(9)

son lot à sa disposition libre, l’inégalité des patrimoines a dû bientôt s’ensuivre. Le seul hasard des intempéries, mais surtout la différence de l’intelligence et des soins parmi les propriétaires, ont dû incessamment rendre inégale leur condition. Les uns perdent, les autres acquièrent. Sur des terrains de même étendue, naissent et doivent se nourrir un nombre différent d’individus. Les lots se divisent et se subdivisent ; ailleurs ils se réunissent et se consolident. En un mot, il n’y a point de société civilisée où ne se trouvent infailliblement des familles et des individus à qui ce qu’ils possèdent suffit et souvent fort au-delà ; d’autres dont les propriétés sont insuffisantes pour leurs subsistances ; d’autres enfin qui ne possèdent rien du tout. Il y aura toujours des pauvres parmi vous ; c’est l’éternelle sagesse qui l’a dit (1).

Or, il faut que tout le monde vive ; bien entendu que vivre est l’affaire de chacun. L’état a fait tout ce qu’il doit et tout ce qu’il peut, quand ses lois ont garanti les propriétés, la liberté, l’exercice et les fruits de l’industrie individuelle.

Maintenant comment vivent les individus ? Je ne pense pas qu’il y en ait un seul, pauvre ou riche, qui puisse se passer de l’assistance d’autrui. Celui qui possède le plus, ne trouve certainement pas sur son terrain, en nature et immédiatement applicable à ses besoins, tout ce qu’il doit consommer. Pas un ne saurait de ses mains seules faire naître et approprier à son usage les choses qu’il doit y employer. Obligé à de


(1) Math. 26, 11.