Page:Revue mensuelle d’économie politique - 1836 - T5.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

(7)

doute dans un bon gouvernement, mais que si difficilement une même tête pourrait réunir à un degré convenable. Je trouverais un peu d’affectation à distinguer, à opposer deux écoles, à ne plus accorder que le titre de chrématistique à l’une, et à relever la supériorité de l’autre. Mais plus celle-ci s’attribue exclusivement l'élément moral et le fait intervenir dans les discussions, plus je voudrais qu’elle précisât les termes des questions où elle l’applique. Je voudrais qu’elle s’abstint d’opposer sans cesse ces abstractions vagues du pauvre et du riche du travailleur et de l’oisif. Qui ne voit qu’en réalité, tel censé riche est pauvre, et tel riche plus travailleur que ses journaliers ? Ces noms sont purement relatifs, et un jugement moral prononcé dans un sens absolu sur ceux qui les portent, manque toujours d’exactitude et souvent de justice. Enfin, je veux dire que je souffre un peu, quand je vois une école en accuser une autre d’immoralité et encore de matérialisme. En vérité je sais force disciples de Smith et de Say, force auditeurs du Collége de France, qui n’avaient pas pensé à contester la spiritualité et l’immortalité de l'âme.

Et derrière l’école morale ne voyons-nous pas déjà essayer de se produire une école d’économie politique chrétienne qui vient accuser la chrématistique parce que, dit-on, elle est anglaise et sans doute païenne par conséquent ; en sorte que la bonne économie politique ne saurait être que catholique, apostolique et romaine ? Tout roule dans cette doctrine industrielle sur la charité, sur l’aumône ; ce qui importe le plus pour l’industrie, c’est de rétablir un grand aumônier.