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resserré dans la capitale ; il prit son essor vers la province, la Belgique, l’Angleterre et d’autres pays où il alla réchauffer les cœurs et préparer les esprits à une réforme initiatique. Quelque temps après, il publia le Véritable Lien des Peuples, son œuvre capitale. Ce recueil de sages maximes, d’anecdotes intéressantes, d’instructions pour les loges, pour les adeptes, fit une vive impression dans le monde maçonnique. Tous les ateliers voulurent le posséderdans leurs bibliothèques.

Le F∴ Desetangs composa ensuite des cahiers d’initiation pour les grades symboliques, pour les chapitres. Ces rituels, dégagés de beaucoup de questions oiseuses et qui dramatisaient les allégories sur lesquelles reposent ces grades, furent généralement adoptés et suivis par les ateliers de la province. Ils n’étaient délivrés qu’en manuscrits aux vénérables des loges sur la demande expresse de celles-ci. Il était recommandé de ne les communiquer qu’en séances de loge, et formellement défendu à quiconque de les livrer à l’impression.

On doit concevoir que les FF∴ instruits de ces mesures scrupuleuses aient été étonnés de voir ces mêmes grades livrés in extenso à la publicité quelques années plus tard. Aussi nous en ont -ils plusieurs fois manifesté leur surprise, leur désapprobation, leur mécontentement. « Comment, nous disaient-ils, le Grand Orient a-t-il pu permettre l’impression de ces cahiers de réception, lorsque, pour des motifs de pareille nature, il a intenté des procès aux FF∴ Ragon et Clavel ? »

Nous répondimes d’abord que c’était l’intention de l’auteur exécutée par son libraire ; ensuite, que le F∴ Pillot, dont nous connaissons les lumières, et qui, par ses fonctions de secrétaire du Grand—Orient, doit inspirer une grande confiance, avait dirigé lui-même cette publication. Nous ignorons si ces explications ont satisfait nos FF∴ ; nous aimons à le croire.

La publication du Lien des Peuples valut à son auteur une belle réputation d’écrivain et de réformateur.

Nous nous rappelons que, le jour de notre initiation au grade d’apprenti, le premier objet qui frappa nos regards dans le temple fut un buste en plåtre de ce digne frère. Des amis enthousiastes, de notre orient, lui avaient fait l’insigne honneur de reproduire ses traits pendant sa vie. Il eût peut-être mieux valu attendre sa mort.

Le F∴Desetangs vint à Lyon en 1837. Des députations de plu-