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LES MARTYRS DE LA LIBERTÉ

EN ALLEMAGNE.

Des journaux ont publié une lettre écrite par un prisonnier du féroce Windisch—Grætz sur les atrocités de ce dernier. Parmi les nobles victimes égorgées sur l’autel de la monarchie, la franc–maçonnerie comptait plusieurs adeptes. Rendons hommage à leur mémoire, ils sont morts pour le triomphe de nos principes.

Voici un extrait de la lettre du prisonnier :

« Le 10e jour, je fus conduit dans les champs pour assister à une exécution qui fut horrible.

J’étais là depuis quelques minutes, quand on amena douze étudiants, — presque tous de très beaux garçons, — les mains libres, le visage intrépide, et qu’on allait fusiller.

Rendus sur le lieu même où ils allaient mourir, on leur donna des pelles et des hoyaux, en leur ordonnant de creuser eux-mêmes leurs fosses !… Et, comme ils résistaient, on les frappa, on les larda de coups de baïonnette. Il leur fallut obéir.

Pendant ce funèbre travail, les officiers se donnaient le plaisir féroce de tirer de temps en temps leurs montres, et je les en tendais dire : « Allons, messieurs, vous n’avez plus qu’un quart d’heure… dix minutes… cinq minutes encore… « Pressez la besogne ! »

Les fosses furent creusées. On voulut alors bander les yeux de ces fiers jeunes gens ; mais ils refusèrent. Quand on voulut les faire mettre à genoux : « C’est à vous, s’écria l’un d’eux, c’est à vous, misérables mercenaires, de plier le genou devant nous. Allons, bourreaux, faites votre office ! »

Deux secondes après, ces douze enfants étaient couchés par terre.

Je ne vous dirai pas ce qui se passait en moi pendant cette horrible scène. Ahl si j’avais pu, même au prix de ma vie, venger ces braves jeunes gens !

Plusieurs fois cette terrible épreuve s’est renouvelée. J’ai vu,