actions de sa vie. Lorsqu’il y a formé son esprit et son cœur, il marche hardiment dans la voie de la société dont tous les membres ne forment qu’un seul corps.
En maçonnerie, il n’en est malheureusement pas de même. La plupart de ses adeptes ne la connaissent que par la révélation de quelques rares symboles le jour de leur initiation. Si, après ce jour mémorable, ils assistent à quelques fêtes, ils y entendent des discours sur des questions étrangères à la maçonnerie et souvent contraires à ses vrais principes. Ils rentrent dans le monde civil avec des notions tellement incomplètes sur notre ordre que souvent, dans leur conscience, ils l’accusent de frivolité.
Or, je vous le demande, comment voulez-vous que de tels adeptes aillent propager nos principes, notre doctrine qu’ils ne connaissent pas ? Comment voulez-vous qu’ils sacrifient leurs loisirs, leurs ressources, leur repos à la défense d’une cause qu’ils ignorent ? Vous, francs-maçons, qui avez vieilli dans le temple, vous nos initiateurs, ne nous accusez pas si, au moment du danger, nous n’accourons pas tous au saint foyer, comme à l’approche de l’orage les poussins accourent sous l’aile de leur mère. Vous nous avez appris à bégayer les premières initiales de l’alphabet maçonnique, puis, pensant que notre instruction était assez avancée pour nous diriger dans la voie mystérieuse de l’institution, vous nous avez abandonnés à nous-mêmes, et nous nous sommes égarés.
Avouons-le donc franchement, hautement, si la franc-maçonnerie souffre sur quelques points de la France, c’est parce qu’elle n’y est pas connue, c’est parce que la foule ne veut pas suivre les instructions et les conseils d’un petit nombre d’adeptes éclairés.
Cet état de choses durera jusqu’à ce que le pouvoir maçonnique n’imprimera pas à tous ses administrés une direction unique, jusqu’à ce que des membres instruits et dévoués ne se livreront pas avec ardeur à l’instruction maçonnique et que cette instruction ne sera pas considérée comme obligatoire pour tous les adeptes.
Si le Grand-Orient, ou plutôt si les loges voulaient, il serait très facile de remédier à ce mal. Il suffirait de créer dans chaque orient une chaire spéciale consacrée à l’enseignement des règles et des dogmes maçonniques, règles et dogmes universels ; il suffirait de faire revivre certaines prescriptions d’anciens rites qui exigeaient que l’apprenti connût à fond son grade avant de l’admettre à celui de compagnon, et ainsi pour tous les autres degrés. Dans cette chaire pourraient aussi être développées les doctrines de l’ordre.