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persévérance, ils ont surmonté tous les obstacles, et en participant aux avantages d’une administration sage et éclairée, ils ont eu le bonheur de retrouver les traces précieuses de l’ancienneté et du but de la maçonnerie.

Une autre erreur bien commune et bien dangereuse, enfantée dans ces temps de troubles et d’anarchie que nous déplorons, et accréditée depuis par l’usage, consistait à regarder les fonds d’une loge, provenant des réceptions comme lui appartenant en propre, sans reddition de compte à ses supérieurs ; de là la multitude de loges formées sans constitutions légales pour favoriser la cupidité de quelques prétendus maîtres et de ceux avec qui ils voulaient bien partager les produits de leur trafic ; de là encore ces dépenses énormes employées en banquets trop somptueux, et en futiles et magnifiques décorations, qui, n’étant plus surveillées, ont absorbé des fonds, dont la destination était bien plus précieuse, et ont été comme autant de larcins faits aux vues de bienfaisance qui caractérisent l’ordre et qui doivent le rendre respectable aux yeux des profanes.

Il était toutefois aisé, en réfléchissant, sans intérêt personnel, d’après les principes d’une raison éclairée, de reconnaître que les loges ne font que des sociétés particulières subordonnées à la société générale qui leur donne l’existence et les pouvoirs nécessaires pour la représenter dans cette partie d’autorité qu’elle leur confie ; que cette autorité partielle émane de celle qui réside essentiellement dans le centre commun et général de l’ordre, représenté par ces corps préposés à l’administration générale et particulière des différents districts et au maintien et à l’exécution de ses lois ; qu’aucune d’elles ne peut exister régulièrement, que par un consentement exprès des chefs légitimes de l’ordre, constaté par la patente de constitution qu’ils lui donnent, à la charge de se conformer aux lois, statuts et règlements de l’ordre, sans laquelle tous les actes de la loge seraient nuls et clandestins, et les rétributions qu’elle exigerait une véritable concussion ; qu’en vertu de cette constitution, la loge acquiert, à la vérité, le pouvoir de recevoir légitimement, au nom de l’ordre, dans les quatre grades maçonniques, et de percevoir les rétributions prescrites, mais que le produit de ces rétributions appartient proprement à l’ordre en général, vu que les loges n’agissent et ne peuvent agir qu’en vertu des pouvoirs qu elles en ont reçus.