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nir l’espèce de considération qui était nécessaire à leurs vues intéressées, et qu’ils avaient surpris par les dehors mystérieux d’une fausse science, ils ont surchargé leurs cérémonies de nouvelles productions toujours plus chimériques et plus absurdes les unes que les autres, et dont le plus grand nombre des maçons a été long-temps la dupe.

Mais tandis que l’erreur multipliait ainsi ses prosélytes, les vrais maçons plus circonspects dans leur marche et plus difficiles dans leur choix, faisaient des progrès lents mais assurés. Moins jaloux de captiver la multitude que d’acquérir de dignes Frères, ils attendaient en gémissant que le prestige eut cédé, et que reconnaissant l’erreur dans laquelle on avait été entraîné, on marquât un désir sincère d’entrer dans les vues légitimes de l’ordre et de suivre scrupuleusement les lois, en se dépouillant de tout intérêt personnel et de tout esprit de domination. Mais dédaignant par principe ces grands moyens, qui assujettissent les volontés, ils ne devaient attendre cette importante révolution que du temps et de la disposition des esprits.

Cependant quelques maçons plus zélés qu’éclairés, mais trop judicieux pour se nourrir long-temps de chimères, et lassés d’une anarchie dont ils sentaient le vice, firent des efforts pour se soustraire à un joug aussi avilissant. Des loges entières dans diverses contrées, sentant la nécessité d’un centre commun dépositaire d’une autorité législative, se réunirent et coopérèrent à la formation de divers grands-orients. C’était déjà de leur part un grand pas vers la lumière ; mais à défaut d’en connaître le vrai point central et le dépôt des lois primitives, elles suppléèrent au régime fondamental par des régimes arbitraires, particuliers ou nationaux, et par les lois qui ont pu s’y adapter. Elles ont eu le mérite d’opposer un frein à la licence destructive qui dominait partout ; mais ne tenant point à la chaîne générale, elles ont rompu l’unité en variant les systèmes.

Des maçons de diverses contrées de France, convaincus que la prospérité et la stabilité de l’ordre maçonnique dépendaient entièrement du rétablissement de cette unité primitive, ne trouvant point chez ceux, qui ont voulu se l’approprier les signes qui doivent la caractériser, et enhardis dans leurs recherches par ce qu’ils avaient appris sur l’ancienneté de l’ordre des franc-maçons, fondé sur la tradition la plus constante, sont enfin parvenus à en découvrir le berceau ; avec du zèle et de la