Foi que doi Sainte Marie !
Aine ne vos sievrai je mie.
M’aumosnière est mal garnie
Et ma malle mal farsie,
Sire cuens, quar comandez,
De moi vostre volonté,
Sire s’il vous vient à gré,
Un beau don car me donez
Par cortoisie.[1]
Talent ai, n’en dotez mie,
De r’aler à ma mesnie.
Quant vois borse désgarnie,
Ma feme ne me rit mie.
Ains me dit : Sire Engelé,
En quel terre avez esté,
Qui n’avez rien conquesté
Aval la ville ? [2]
Vez com vostre male plie,
Ele est bien de vent farsie,
Honi soit qui a envie
D’estre en vostre compaignie.[3]
- ↑
Par la foi que je dois à sainte Marie !
A ces conditions je ne vous suivrai pas.
Mon aumônière est mal garnie
Et ma malle mal fournie.
Seigneur comte, commandez
Ce qu’à mon égard vous voulez faire ;
Sire, s’il vous vient à gré,
Un beau don me soit donné,
Par courtoisie. - ↑
Car j’ai envie, n’en doutez pas,
De retourner dans mon ménage.
Quand j’y reviens la bourse vide,
Ma femme ne me rit pas.
Elle me dit : sire Engelé,
En quelle terre avez-vous été,
Que vous n’avez rien gagné
Le long de la ville ? - ↑
Voyez comme votre malle plie,
Elle est toute de vent farcie,
Honni soit qui a envie
D’être en votre compagnie !
Vous ne m’avez rien donné
Ni mes gages acquitté,
C’est vilénie.