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Fays de Durfort, mère de Sicard et de Pierre de la Ilhe, seigneurs de Villesiscle, ainsi qu’à sa parente Raimonde, femme de Guillaume de Durfort, et à sa belle-fille Aude, femme de Pierre[1]. Veziade de Durfort devait être hérétique, elle aussi, puisqu’elle épousa successivement deux faidits, Roland de Montserrat et Sicard de Durfort, fils de Fays. Sœur et femme de cathare, Adalais de Durfort était sans doute affiliée à leur secte[2]. Esclarmonde, comtesse de Foix, reçut aussi le Consolamentum dans l’assemblée de Fanjeaux de 1204[3]. Raimonde de Rivel, une fois élevée à la dignité de Parfaite, témoigna la plus parfaite soumission aux diacres cathares, et ce fut pour se livrer en toute liberté à ses pratiques religieuses qu’elle alla se réfugier dans le château hérétique de Montségur[4].

Une fois engagées dans la secte, ces femmes s’en faisaient les apôtres ferventes dans leur propre famille et leur entourage. Pendant plusieurs générations, les descendants de Fays de Durfort furent cathares : ses fils, Sicard et Pierre, sont proscrits par Simon de Montfort ; ils épousent des hérétiques et leurs enfants, B. de Durfort et Roger de Durfort, sont élevés dans les mêmes croyances ; Roger prend même part à une dernière révolte, celle d’Olivier de Termes contre saint Louis[5].

Pour faciliter la diffusion de leurs doctrines chez les femmes, les Albigeois avaient ouvert des maisons d’éducation où ils les recevaient dès leur enfance et les élevaient à leur guise. Ces couvents hérétiques étaient organisés sur le modèle des couvents catholiques ; ils étaient dirigés par des Parfaites, qui portaient un costume religieux et étaient soumises à une discipline sévère, à la règle du silence et à la psalmodie. L’enquête de Bernard de

  1. Balme, op. cit., p. 108.
  2. Bibliothèque nationale, lat. 11013. Registre des enquêteurs royaux de la sénéchaussée de Carcassonne en 1260. Fol. 22 : « Contra petitionem Adalaicis, uxoris quondam Rogerii de Duroforti qui vocatur Badaonus, dixit se vidisse dictum Badaonum faiditum tempore comitis Montisfortis, in guerra vicecomitis… » Fol. 54 vo : « Contra petitionem Veziade uxoris quondam Sicardi de Duroforti, dixit se vidisse dictum Sicardum faiditum in guerra comitis Montisfortis… » Fol. 65 : « Contra petitionem domine Adalaiscis, uxoris quondam Rogerii de Duroforti, qui vocabatur Vadaonus de Laurano, dixit se vidisse Petrum de Tribus malis, fratrem dicte Adalaiscis, faiditum in guerra vicecomitis. »
  3. Balme, op. cit., p. 108.
  4. Ibid., p. 182.
  5. Bibl. nat., lat. 11013, fol. 10.