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Major reproduit ces vers, mais observe que le premier est faux : « Le roi, dit-il, fait une brève de la longue qui termine l’adverbe caute ; il ne faut pas être trop sévère pour un roi qui improvise[1]. »

Après Major, tous les historiens écossais célébrèrent les dons poétiques de Jacques, depuis Boèce[2] jusqu’à Drummond de Hauthornden[3]. Ils se copient, à vrai dire, presque tous les uns les autres et ajoutent peu à notre savoir ; mais il y a pourtant une exception, et c’est précisément George Buchanan, l’irréconciliable ennemi de Major, l’auteur de l’épigramme citée plus haut. Bien loin de contredire sur ce point son ancien maître, qu’il eût sans doute été heureux de prendre une fois de plus en défaut, il confirme son témoignage et y ajoute quelques appréciations, montrant (comme M. Brown le reconnaît, p. 16) qu’il avait dû lui aussi lire les poésies dont il parle et qu’il était en situation de les juger. Il y trouve moins d’art que de dons naturels ; il eût voulu une forme plus soignée : « Carmina latina ut illud erat seculum rudia ex tempore fundebat. Anglico quidem sermone poemata ab eo conscripta nonnula adhuc extant : in quibus ingenii praestantia elucet, expolitior doctrina fortasse requiratur » (1582). Major n’avait rien dit de semblable, ce jugement est personnel à Buchanan[4].

Les critiques ou historiens littéraires assignèrent de même unanimement une place à Jacques parmi les illustrations poétiques de la nation, à commencer par John Bale, qui dressa si laborieusement le premier grand « Catalogue des écrivains illustres de la Grande-Bretagne. » Il loue les vers de Jacques et signale son poème « super uxore futura[5]. »

  1. Fol. cxxxii. Notez que Bower, qui le premier cita ces vers, et qui savait bien par suite que Jacques en pouvait faire, ne s’étend pas plus, dans son ample tableau des qualités du roi, sur ses mérites comme poète latin que comme poète anglais.
  2. Ou Boyis, en latin Boethius, dans sa Scotorum Historiae… Libri, 1re édition, Paris, 1526. « In lingua vernacula tam ornata faciebat carmina ut poetam natum credidisses, » lib. XVI (fol. 340 de l’édition de 1574).
  3. « He wrote verses both Latine and English, of which many yet are extant » (Drummond of Hanthornden, History of Scotland, 1655, p. 31).
  4. Rerum Scoticarum Historia, Auctore Georgio Buchanano Scoto. Édimbourg, 1582, fol. 115.
  5. « In vernaculo sermone ornatissima carmina faciebat : Latine vero juxta ejus aetatis morem incondita et confusa, gravibus tamen referta sententiis. Et inter caetera, dum esset in Anglia captivus in Anglico sermone congessit : Super