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de réunir la somme requise[1]. On devait 20,000 écus environ à la duchesse en 1447 (mai)[2]. — Trois ans après, en 1450, le Bâtard pensa couper court aux dernières réclamations de l’avide douairière : il la fit prisonnière avec son fils Edmond, lorsqu’il reçut la capitulation de Caen. Il ne leur permit de se retirer qu’en échange de l’abandon des sommes dues encore par Angoulême. Sans grand succès, la duchesse soutint plus tard que la promesse n’avait pas été faite en bonne forme et la nia[3].

Du moins, en dépit des procès qu’ils firent, ni elle ni ses héritiers ne furent entièrement payés. Au moment où le petit-fils de Jean d’Angoulême allait monter sur le trône de France, en 1514, dans un traité conclu entre le fils de Charles d’Orléans, le roi Louis XII, et Henri VIII d’Angleterre, on parlait encore de cette vieille dette, impossible à éteindre[4].

Ainsi, après plus d’un siècle écoulé, la maison de Valois-Angoulême s’occupait toujours de ce traité de Buzançais, qui avait fait si longtemps son malheur. Le souvenir des plus cruelles épreuves qu’elle eût jamais à traverser, et dont nous venons de dire le détail, reparaissait dans l’instant même où la destinée changeante allait mettre à la relever autant de complaisance qu’elle apportait autrefois d’obstination à l’humilier.


VI.


On l’a souvent rappelé : la cause des Pantagenets, à l’époque où ils luttaient contre les Capétiens, semblait aux contemporains la cause du Diable, celle de leurs adversaires la cause de Dieu. Ceux qui travaillèrent à la délivrance de Jean d’Angoulême purent penser, eux aussi, en présence de la mauvaise foi et de la rapacité anglaises, qu’ils servaient le Bon Droit contre le Mensonge. De Clarence, de sa

  1. Brit. Mus., Addit. chart. 495 ; Ibid. 4010, 4041-4042. — Arch. nat., K. 72, 5610a, 10b ; J. 919, 26, fol. 116 ro et 117 ro. — Bibl. nat., fr. 20379, fol. 26-27 ; 25711, no  203 ; Pièces orig. 2158, 8, 574.
  2. Arch. nat., K. 72, 5613-15 ; J. 919, 26, fol. 117 vo ; J. 64715. — Bibl. nat., fr. 20379 ; Pièces orig. 2972, no  66032, p. 2 ; 2160, 10, 665. — Brit. Mus., Addit. chart. 4033, 12347.
  3. Le 24 juin 1450, capitulation de Caen ; 6 juillet, la duchesse et Edmond, alors duc de Somerset, se rendent à Dunois. Arch. nat., J. 919, 25, fol. 13 ro ; J. 919, 26, fol 1 ro ; J. 919, 19 ; K. 72, 5620-23. — Brit. Mus., Addit. chart. 498. — Rev. doc. hist., cit., 1877, p. 26-28.
  4. Brit. Mus., Addit. chart. 4040. — Arch. nat., J. 6471-5 bis, 19 ; J. 919, 25, fol. 1 ro, 3 ro-4 ro, 13, 19 ; J. 919, 26, fol. 1 vo et ro ; K. 72, 49, 564 ; P. 1403, I, XXVII, XXVIII, fol. 1, XXX, XXXII ; X1a 1489, fol. 342, etc…